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"La tête dans le ciel et les pieds sur terre". Pour
Jean-Yves Menez, la métaphore n'a rien du truisme.
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Un jour, ce fils d'Armorique a plongé les mains dans le granit,
le fruit le plus dur du sol de chez lui.
Au même moment, il entrait dans l'univers de l'aïkido : cet
art martial japonais qui replace l'homme dans l'univers cosmique. Il est
dit que la force vient de l'esprit, si celui-ci s'est fait le lien entre
le ciel et la terre. Dès lors, le mental, clef de la marche du corps,
acquiert de la puissance. Et l'énergie inonde le sang du pratiquant...
Entre le tatami et son atelier, empreint du souffle de la mer, Jean-Yves
Menez fait le lien entre la culture celtique, sa culture originelle, et
celle du Japon.
Depuis, il s'est mis à respirer le monde. |
Un soir de 1989, il met ses outils dans son sac, et part pour Berlin
où tout vacille. Il sculpte un mur. Un homme apparaît qui
écarte fiévreusement le rideau de pierre pour s'emplir d'une
vision du dehors. L'oeuvre ne survivra pas aux "Mauerspekten", qui
arrachent implacablement, pour quelques dollars, des bouts de béton
froids à l'implacable rideau. Habité par un irrépressible
besoin de lui redonner vie, le sculpteur pourtant reviendra. Il retrouvera
sans peine le fil de sa sculpture. Cette fois, avec l'aide du musée
du mur, il parviendra à ramener la sculpture à Perros-Guirec
: "L'Homme qui passe".
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"Passage d'homme" sculpture cherchant
une destination
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"Le passage" sculpture cherchant
une destination
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Deux ans plus tard, cette démarche aboutira à la réalisation
du "Passage", une monumentale porte de granit munie de palpeurs
sonores qui se déclenchent lorsqu'on y pénètre.
Dès lors, Jean-Yves Menez ne cessera plus de parcourir le monde.
"Si
je n'étais sculpteur, je serais vagabond". |
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Homme de parole, il établit le lien en sculptant sans relâche
la pierre de son pays, matériau auquel il reste indissolublement
lié, même s'il fait des incursions dans la glace ou dans la
neige.
"Je sculpte dans l'éternité et dans l'éphémère".
De la Mandchourie à la Chine, du Mexique aux Antilles, de part le
monde, Jean-Yves Menez essaime les signes, comme pour établir une
nouvelle ligne de force
Terre ciel toujours, il sculpte ainsi un projet de neuf mégalithes
qui sont les premières strophes du "Chant de la Pierre".
Jean-Pierre TREGUIER
Chef de rédaction, Ouest-France.
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